Paris regorge de galeries d’art, surtout dans les quartiers de Saint-Germain des Prés et du Marais. Comment alors choisir laquelle visiter ? Je vous présente dans cet article 3 galeries d’art parmi les plus importantes de la scène parisienne (elles sont d’ailleurs toutes les trois internationales). Je les ai aussi choisies car ce sont des galeries dont les expositions s’apparentent à des expositions « muséales » : elles représentent des artistes très célèbres et des projets ambitieux (parfois des rétrospectives) qui pourraient aussi être montrés dans des musées d’art contemporain.
Comme il peut être un peu intimidant de rentrer dans une galerie d’art (souvent il n’y a personne à l’intérieur, on n’ose pas), ici pas de crainte à avoir : ces 3 galeries sont très connues des amateurs et donc fréquemment visitées. Si vous y allez le week-end, vous ne serez pas seuls ! Et bien sûr, l’entrée est totalement libre et gratuite.
1 – La galerie Kamel Mennour
C’est ma préférée ! Elle se décline en 3 lieux d’exposition à Paris : 2 dans le 6e arrondissement (rue Saint-André des Arts et rue du Pont de Lodi) et sur l’avenue Matignon dans le 8e. Elle est également présente à Londres.

Kamel Mennour, qui a commencé par ouvrir une petite galerie à Saint-Germain, a été l’un des premiers à aller aux Etats-Unis pour signer des accords avec des artistes encore non représentés en France. Une stratégie particulièrement gagnante qui l’a lancé sur le marché de l’art. Il représente aujourd’hui beaucoup de grands noms de l’art contemporain, aussi bien français qu’étrangers : l’indien Anish Kapoor (récemment exposé au Château de Versailles), les français Daniel Buren, Claude Lévêque et François Morellet, ou encore le japonais Tadashi Kawamata dont je vous ai présenté l’incroyable installation Nest récemment.

En 2016, j’y avais également découvert 2 expositions qui m’avaient beaucoup marquée. Dans les très émouvantes photographies de son projet L’Ecriture des Lignes, Zineb Sedira (artiste britannique d’origine française et algérienne) explorait les questions de la ligne, de la limite, de la frontière : qu’est-ce qu’une limite sur terre ? Pourquoi l’homme cloisonne t-il l’espace ? Est-il légitime de décider qui peut ou non franchir une frontière tracée ?… Quant aux sculptures de l’artiste belge Ann Veronica Janssens, elles m’ont fascinée par des jeux de lumière toujours changeants selon la position du spectateur. Ses panneaux de verre colorés ou sa poudre bleu pailletée invitent le visiteur à expérimenter l’oeuvre et à laisser parler son imagination dans une atmosphère de rêve.


Des artistes plutôt « conceptuels » donc, dont l’oeuvre toujours très intéressante pousse à la réflexion… A découvrir d’urgence !
Infos pratiques :
- 47 rue Saint-André des Arts, Paris 6e – du mardi au samedi (11h-19h)
- 6 rue du Pont de Lodi, Paris 6e – du mardi au samedi (11h-19h)
- 28 avenue Matignon, Paris 8e – du lundi au samedi (11h-19h)
2 – La galerie Perrotin
C’est l’une des galeries les plus connues de Paris et aussi l’une des plus grandes. Installée au cœur du Marais rue de Turenne, dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle, elle exploite également un espace dans l’impasse Saint-Cloud (et depuis 2014 un showroom aussi rue de Turenne). C’est aussi la galerie la plus internationale, puisqu’Emmanuel Perrotin l’a déclinée à Hong Kong, New York, Séoul et Tokyo l’année dernière. Rue de Turenne, vous trouverez de vastes espaces d’exposition (3 salles au rez-de-chaussée, un étage et un sous-sol) qui permettent d’accueillir 2 expositions en même temps.

Que de grands noms de l’art contemporain ici également ! L’italien Maurizio Cattelan (exposé à la Monnaie de Paris en 2016 avec des oeuvres surprenantes et parfois choquantes), Pierre Soulages ou encore l’argentin Julio le Parc que j’ai découvert l’année dernière à la Foire d’Art contemporain ArteBA à Buenos Aires. Perrotin représente également le japonais Takashi Murakami, soit le 6e artiste le plus cher du monde ! Son exposition de 2016 m’avait beaucoup plu : un univers aux couleurs flashy, entre manga et pop art. Mais une oeuvre pas simplement ludique et « marketing », qui parle de la souffrance sociale des jeunes de son pays ou de son angoisse de la mort. Son art est aussi totalement ouvert, puisqu’il remet en question la hiérarchie entre art et artisanat, ou entre culture dite « populaire » et une culture souvent élitiste.

Le mois dernier, j’ai pu y découvrir le travail du sculpteur Johan Creten. Avec ses oeuvres en céramique, il m’a justement rappelé le travail de Murakami : lui aussi efface la hiérarchie des matières et des styles pour remettre à l’honneur ce matériau peu pratiqué, qui était pourtant la première forme d’art de l’histoire ! L’artisanat n’est jamais loin, comme sur ses plots colorés qui laissent visibles les traces du travail de l’artiste (et qui sont régulièrement confondus par les visiteurs avec des sièges !). Creten interroge aussi les symboles de notre culture occidentale, de la femme voilée à l’aigle.

Infos pratiques :
- 76 rue de Turenne, Paris 3e – du mardi au samedi (11h-19h) / Exposition Johan Créten jusqu’au 10 mars 2018
- 10 impasse Saint-Claude, Paris 3e – du mardi au samedi (11h-19h)
3 – La galerie Templon
Cette galerie, également incontournable dans le paysage parisien, est située rue Beaubourg, juste derrière le Centre Pompidou. D’abord spécialisée dans l’art minimal et conceptuel (Christian Boltanski, Richard Serra…), elle a fait connaître au public parisien les grands noms de l’art contemporain américain dans les années 70 (Willem de Koonig, Andy Warhol ou Frank Stella). Aujourd’hui, elle représente notamment le sculpteur César, dont la rétrospective présentée au Centre Pompidou jusqu’à fin mars est juste INCONTOURNABLE ! Daniel Templon a aussi ouvert une galerie à Bruxelles.

J’ai découvert la galerie parisienne en 2016 lors de l’exposition de l’italien Francesco Clemente que j’avais adorée : sur le thème de l’amour, sa série Pirate Heart présente des oeuvres bleu et rose qui cherchent à entrer en connexion directe avec le spectateur. Très symboliques, elles utilisent des motifs qui nous parlent à tous et ont une forte dimension spirituelle. La matérialité et la dimension charnelle sont partout, dans les sujets mais aussi à travers la peinture épaisse visible sur la toile et les traces de doigts de l’artiste.

J’y suis retournée récemment pour visiter l’exposition Le Temps imaginaire de Pierre et Gilles qui m’a beaucoup plu également : ma petite vidéo à voir ici ! Entre photographie et peinture, ils détournent les codes de l’art classique par une esthétique très pop voire kitsch, justement pour nous pousser à nous interroger sur ce qu’est le bon ou le mauvais goût. Encore une fois, ces artistes contemporains s’opposent à la hiérarchisation des références culturelles en mettant en scène des motifs ou des stars populaires.

Infos pratiques :
- 30 rue Beaubourg, Paris 3e – du lundi au samedi (10h-19h) / Exposition Pierre et Gilles jusqu’au 10 mars 2018
Ces 3 galeries majeures de la scène parisienne sont un excellent moyen de commencer votre découverte du monde fascinant des galeries. Elles vous donneront une première vision des artistes contemporains à suivre. A très bientôt pour une prochaine exposition dans l’une d’entre elles !
Un grand merci à Des Mots et des Arts de m’avoir fait découvrir ces galeries et leurs expos !
Merci pour cet article dans lequel les video nous fonts prendre conscience de l univers tres scientifiq des artistes peintre,inventivité,ingeniosité et creativité contrairement au jugement vulgaire ki consiste a prendre l art pr une banalité.
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Merci beaucoup pour votre message, je suis ravie que l’article vous ait plu. En effet je suis toujours étonnée de la capacité des artistes à renouveler leur pratique en permanence, à remettre en question les valeurs établies et donc à nous faire réfléchir. Les galeries d’art contemporain en particulier sont toujours pleines de surprises passionnantes !
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