Que retenir de l’expo « Degas Danse Dessin » au musée d’Orsay ?

Vous n’avez pas le temps d’aller voir l’exposition « Degas Danse Dessin » à Orsay avant sa fermeture dimanche soir ? Voici quelques éléments à retenir, avec en pour commencer une petite vidéo récapitulative !

1- Une exposition basée sur le livre de Paul Valéry « Degas Danse Dessin »

La section introduction de l’exposition explique les relations d’amitié liant le jeune poète Paul Valéry et le peintre qu’il admire. Leurs deux superbes bustes sculptés nous accueillent dans l’exposition, entourés de photographies ou de carnets intimes de chacun.

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Carnet de Paul Valéry

Dans la deuxième salle, c’est le processus de création du fameux livre surnommé « DDD » qui est décrypté. Il est assez fascinant de voir les différents étapes de l’écriture, d’abord les brouillons à la main puis l’exemplaire dactylographié raturé et annoté.

Puis tout au long de l’expo, des citations poétiques ou philosophiques de Valéry illustrent les différents thèmes de l’oeuvre de Degas. Pleines d’intelligence et de subtilité, elles sont plus que bienvenues pour éclairer le travail de l’artiste et témoigner d’un regard sensible et pénétrant sur son œuvre, mais aussi d’une théorie de l’art très personnelle.

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2- Les grands thèmes de l’oeuvre de Degas et de véritables chefs-d’œuvre du peintre

On retrouve dans la suite de l’expo des éléments clés de compréhension du travail de Degas. Ses premiers essais d’imitation des maîtres d’abord, sur les conseils d’Ingres, rien que ça !
Comme pour le livre de Valéry, l’expo dévoile ici le processus de création de l’oeuvre : des différentes esquisses et études préparatoires jusqu’au tableau final. Cette suite d’opérations est extrêmement intéressante, on voit le tableau « en train de se faire ».
Les thèmes récurrents de l’oeuvre de Degas sont les nus, les drapés… Et bien sûr les danseuses !

La section des danseuses est magnifique, forcément, avec ces chefs-d’oeuvre de jeunes filles en tutus virevoltants (qui ressemblent à des méduses selon Valéry !), blancs ou bleus. Et pas seulement les peintures : on découvre ou redécouvre la sculpture de La Petite Danseuse de 14 ans en position de repos (alors que des voix mal intentionnées ont voulu y voir une attitude effrontée voire malveillante). Quant à la ronde des petites sculptures de danseuses dans toutes les positions, elle est comme une façon de découper le mouvement d’une même jeune fille pour mieux le saisir.
N’hésitez pas à jeter un coup d’œil à mon article sur la collection Chtchoukine présentée à la Fondation Louis Vuitton l’année dernière, où je vous parle déjà du travail de Degas.

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Petite danseuse de 14 ans (1879-1881)
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Danseuses (1884-1885) (à droite)
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Danseuses en bleu (1898) (à gauche)
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Fin d’arabesque (1877)

3. Le lien avec les évolutions technologiques du temps

Degas est très marqué par l’arrivée de la photographie. Il prend beaucoup de clichés lui-même, comme on le voit dans l’exposition. Il la considère comme une avancée positive, contrairement à Baudelaire par exemple (qui aimerait la cantonner dans un rôle de servante des Beaux-Arts). Les toiles de Degas sont fortement influencées par ce nouveau médium : les cadrages coupés de ses danseuses sont clairement photographiques, et sa volonté d’intimité, de naturel dans les poses de ses modèles (qu’il veut très naturalistes d’abord, puis qui sont plus « construites » pour servir une intention plastique) montre une véritable modernité.

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Danseuses montant un escalier (1886-1888)
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Baigneuse s’essuyant (1900-1905)

Son questionnement sur la représentation du mouvement est totalement en phase avec les recherches de la photo, qui comme lui veut fixer un instantané. Ses danseuses du Groupe de danseuses se ressemblent tellement qu’il semblerait qu’une seule ait été dupliquée, comme pour figurer chaque étape de son mouvement. De même la série de ses sculptures de chevaux s’inspire fortement du travail de Muybridge, qui photographie toutes les étapes du mouvement de galop d’un cheval. La multitude d’inventions à l’époque pour créer l’illusion du mouvement à partir d’images fixes que l’on fait tourner par exemple, montre la fascination pour la science de l’optique : le praxinoscope présenté dans l’expo en est l’un des témoins.

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Praxinoscope Reynaud (1878)

Rendez-vous dans les salles d’exposition du musée d’Orsay pour prolonger cette découverte du travail de Degas !

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