Ce week-end, j’ai découvert la galerie Kamel Mennour et son exposition L’Ecriture des Lignes, présentant les œuvres de l’artiste Zineb Sedira. Cette artiste est née en France en 1963 et vit aujourd’hui entre Paris, Londres et Alger.
En entrant dans la galerie, le visiteur est immédiatement intrigué par des photographies de champs vallonnés et arides. Sur ces images, un homme marche le long d’une ligne rouge qui semble délimiter une frontière dans la terre. Cette terre, c’est celle d’Algérie, cet homme, c’est le père de l’artiste.

Plus loin, la même scène est filmée, la ligne rouge étant cette fois figurée par une installation fixée au mur. Vous pouvez retrouver la vidéo ici.

Dans la salle suivante, des photos à nouveau, cette fois en noir et blanc, laissent deviner des blocs de glace aux multiples reflets, des formes étirées semblables à un écoulement de gouttes d’eau figées par l’appareil.
Sur le mur du fond, la photo peut évoquer un cours d’eau gelé coupé en deux par une ligne diagonale, et comme des filaments traçant des formes aléatoires au gré des flux, et sur la partie gauche des milliers de petits cristaux coagulés.
Ces œuvres évoquent cette fois la Laponie et son fleuve Torne, qui sépare la Suède et la Finlande.
La ligne, la limite, la frontière (qu’elle soit naturelle ou tracée par l’homme), est donc au cœur du travail de l’artiste, en lien avec celle de la terre. Sans donner véritablement de réponses, Zineb Sedira s’empare de cette question à la fois en parlant de son intimité familiale, dans un paysage bien connu, mais aussi en évoquant des terres lointaines, mystérieuses et fascinantes.
Elle pose des questions essentielles : qu’est-ce qu’une limite sur terre ? Comment passe t-on de la terre au territoire ? Cet homme qui marche le long de cette ligne rouge parle aussi de la perte des terres, et donc de l’importance de la terre dans l’existence et le devenir humain. Mais pourtant est-il indispensable de cloisonner, de décider qui peut franchir ou non les lignes tracées ? Ces questions ont un lien évident avec l’actualité et les sujets d’immigration, de nation, de respect des frontières, du droit d’entrer ou non sur un territoire…
Et c’est bien le rôle de l’art que de faire surgir ces questions. En entrant en contact avec les œuvres, le spectateur s’interroge, est troublé, étonné, et interprète ce qu’il voit selon son vécu personnel. Chacun est libre d’y projeter ses propres émotions et réflexions, pour une perception unique et donc toujours renouvelée. La force de l’oeuvre est ainsi d’entrer en résonance avec l’humain en chacun de nous.
Pour faire ce voyage, n’hésitez pas à pousser les portes des galeries d’art ! L’exposition Zineb Sedira est maintenant terminée, mais vous pouvez suivre le travail de cette artiste grâce à son site Internet. Et rendez-vous à la galerie Kamel Mennour, 47 rue Saint-André des Arts dans le 6e à Paris, dès le 14 octobre 2016 pour une nouvelle exposition.
Une réflexion sur “« L’Ecriture des Lignes » à la galerie Kamel Mennour”