Située rue des Gobelins dans le 13e à Paris, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé a été pour moi une belle découverte en ce début d’année. Au sein d’un bâtiment conçu par le célèbre Renzo Piano (l’un des architectes du Centre Pompidou), la mission première de cette fondation reconnue d’utilité publique est d’abriter les archives de l’entreprise Pathé. Loin de se contenter de les conserver, la Fondation cherche à valoriser ses collections en proposant au public des séances de films cultes, des activités et ateliers ou encore des expositions temporaires. C’est d’ailleurs dans le cadre de son exposition en cours, Images mythiques 60’s, que j’ai eu l’occasion de visiter ce lieu transformé en véritable centre culturel.

Avis aux professionnels du cinéma, étudiants et chercheurs, ou simplement passionnés du septième art : le fonds d’archives de la Fondation est une source incontournable pour qui cherche à retracer l’histoire de l’art cinématographique ou à dénicher de rares témoignages de la vie artistique gravitant autour des tournages. Les documents conservés sont en accès libre pour tous, et prêtés gratuitement aux chercheurs. La Fondation est en effet attachée à sa vocation de transmission de l’histoire du cinéma, de la diffusion à la production des films.

Le fonds d’archives Pathé est particulièrement riche de ses tirages photographiques : plus de 420 albums, où sont collées des photographies de 1945 aux années 60, font revivre les films cultes de cette période mythique du cinéma, mais témoignent aussi de l’évolution du médium photographique, du noir et blanc à la couleur. Du Guépard de Visconti à La Dolce Vita de Fellini, l’esprit de chefs-d’oeuvre légendaires dont l’évocation fait surgir tout un imaginaire romanesque et envoûtant s’exprime dans de précieux clichés.

L’exposition Images mythiques 60’s se concentre sur 6 films cultes, dont elle présente essentiellement des photos du tournage ou des coulisses du film, ou encore des portraits des réalisateurs à destination de la presse. La Fondation en est la propriétaire, car c’est bien le producteur ou coproducteur d’un film qui est l’ayant-droit de ce type de clichés. Quant au photographe, son nom n’est pas toujours connu. Il est employé dans les années 1950 et 1960 par le Consortium des Arts Publicitaires, agence qui élabore des publicités à partir des clichés produits. Cette matière brute est recadrée, montée, manipulée à volonté par les graphiques ou les affichistes.

L’exposition est présentée au rez-de-chaussée de la Fondation, avec son mur tapissé d’affiches monumentales et ses vitrines à l’horizontale sur lesquelles il faut se pencher pour détailler les photographies petit format ou les coupures de presse d’époque, organisées par film. L’exposition se prolonge au sous-sol, où de grands panneaux plaqués aux murs dévoilent les fascinants clichés des Sorcières de Salem (de Raymond Rouleau avec Simone Signoret et Yves Montand, 1957), de La Femme et le Pantin (avec Brigitte Bardot, 1959), de Zazie dans le métro (de Louis Malle, 1960) ou de La Dolce Vita (1960 également). C’est l’esprit d’une époque qui revit.
C’est au sous-sol également que l’on accède à la belle salle de cinéma de la Fondation, principalement dédiée aux films muets, dont la projection est accompagnée d’un pianiste. A tester pour revivre l’atmosphère des séances de jadis portées par la musique… Elle propose aussi des séances spéciales : à l’occasion de l’exposition temporaire, j’ai pu assister à la projection d’une version restaurée de La dolce vita. L’ensemble du programme des séances est disponible sur le site de la Fondation ici.

Avant de partir, il ne faut pas oublier de monter au premier étage du bâtiment, pour pénétrer dans la Galerie des appareils. Cette grande salle qui expose 150 appareils, caméras ou projecteurs Pathé, permet d’embrasser un siècle d’évolution technique depuis les années 1890. Pour les plus passionnés, des films diffusés sur tablettes numériques racontent l’histoire et expliquent le fonctionnement de ces appareils sortis d’un autre temps.

Le visiteur comprend donc vite que la Fondation Pathé est bien plus qu’un lieu de conservation d’archives. Grâce à sa programmation diversifiée, y compris à l’intention des enfants, elle joue pleinement son rôle de passeur d’Histoire et d’histoires, de film en film, des professionnels au grand public. S’y rendre pour une expo photos ou pour une séance en salle obscure, c’est s’autoriser une parenthèse où le temps ralentit pour faire réapparaître des héros de légende.

Informations pratiques :
- Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, 73 avenue des Gobelins, 75013 Paris
- Exposition « Images mythiques 60’s », jusqu’au 16 février 2019
- Horaires d’ouverture (salle de cinéma et Galeries d’exposition) : mardi 13h-20h, mercredi jeudi vendredi 13h-19h, samedi 11h30-19h
- Tarif couplé 1 séance de cinéma + accès aux Galeries : 6,50€ (tarif réduit 5€)
- Accès aux Galeries uniquement : 3€