J’ai découvert l’oeuvre de l’artiste belge Ann Veronica Janssens grâce à son exposition dans la galerie Kamel Mennour à Paris début octobre.
La première salle d’exposition accueillait 3 panneaux de verre colorés par le passage de la lumière. Chaque panneau CL2 Blue Shadow, CL2GN35 Orange et CL9GN35 Sunset Bright Green est une oeuvre à part entière, mais elles peuvent également être lues comme un triptyque.
Le spectateur est immédiatement intrigué par les reflets bleus, rouges, verts ou orangés qui s’en dégagent et qui varient au gré de son mouvement. Ainsi un panneau qui me paraissait rouge à mon entrée se change en surface bleue lorsque je le regarde à nouveau depuis le fond de la salle ! Et si je refais quelques pas en arrière, j’observe de multiples nuances de couleurs qui s’invitent sur mon passage.
La deuxième oeuvre majeure exposée était Pégase : cette installation est réalisée à partir d’une poudre colorée pailletée, attrapant la lumière pour réfléchir dans toutes les directions. Cette oeuvre également invite le spectateur à marcher autour d’elle, pour percevoir des multiples nuances de bleu, mais aussi de jaune ou de rose, créées par la lumière naturelle tombant du plafond vitré de la salle.
L’oeuvre est ainsi un support de perception et de rêve, que chacun doit expérimenter pour découvrir ce qu’elle évoque en lui. Pour ma part, cette poudre brillante m’évoque le monde magique des Mille et Une Nuits et des contes pour enfants. D’autre pourront être davantage sensibles aux petits monticules présents ci et là, et imaginer une évocation de la terre bleutée vue du ciel… Plus simplement, le bleu majoritaire, avec ses reflets jaunes sur les bords, peut rappeler la mer et ses plages. Chacun peut laisser son imagination et ses rêves s’exprimer.
Et le titre de l’oeuvre, Pégase, confirme cette volonté de l’artiste de susciter l’inspiration par son coup de talon qui a façonné l’oeuvre : le cheval mythologique est en effet celui qui, d’un coup de sabot, a fait jaillir la sources des 9 muses antiques !
Ces deux œuvres montrent bien l’importance des jeux de lumière chez Ann Veronica Janssens, et sa façon de solliciter les sens comme le corps du spectateur. La sculpture n’est ici jamais finie, car le spectateur y participe et recrée une oeuvre toujours mouvante et fluide. Grâce à des matériaux épurés, la recherche de simplicité de l’artiste est peut-être le meilleur moyen de permettre à chacun de vivre l’expérience des œuvres.
Ces jeux sur la matière ont pour objectif de troubler nos sens et notre perception, comme d’autres œuvres de l’artiste. Ainsi ses brouillards colorés (Fantazy) proposent au visiteur de s’aventurer dans une pièce remplie de brume verte, rose ou jaune, pour une expérience de désorientation totale et de distorsion de la réalité.
Et les matières les plus impalpables telles ces brumes peuvent aussi s’entremêler pour donner une illusion de densification et créer de nouvelles perceptions : l’oeuvre Rose au Centre Pompidou en est un parfait exemple, quand la conjugaison de 7 projecteurs éclairant la brume donnent naissance à une étoile avec une illusion de volume.
Je trouve qu’il y a une forme de jeu dans l’art d’Ann Veronica Janssens. Il est comme une aventure à vivre, au contact de matériaux étonnants, de variations de couleurs à explorer et qui font jaillir le merveilleux. Cette proposition artistique est pour moi à la fois intrigante et excitante, et j’ai hâte d’en vivre la prochaine expérience !
Retrouvez ici la VIDEO de l’exposition Kammel Mennour à Paris en octobre 2016.
Cette deuxième VIDEO de 2013 est également très intéressante pour comprendre le travail de l’artiste.
Une réflexion sur “Ann Veronica Janssens ou l’art comme expérience”