Me voici de retour de mon voyage de 10 mois autour du monde depuis fin décembre ! Maintenant inscrite en Licence 3 à l’Université, j’ai passé mes examens du premier semestre début janvier. Libérée des révisions, je peux maintenant retrouver les musées parisiens que j’adore. Je n’ai pas traîné cette semaine pour visiter les expos qui se terminent bientôt, et je peux donc à nouveau partager avec vous mes conseils et impressions !
Deux expos incontournables se terminent ce week-end : « Pop Art » au musée Maillol (jusqu’à dimanche 21 janvier) et « Gauguin, l’alchimiste » au Grand Palais (jusqu’à lundi 22 janvier). Mais comment choisir si vous ne pouvez en voir qu’une ? Je vous aide à décider en fonction de vos envies du moment !
Côté pratique : avez-vous beaucoup de temps ou non ?
Si vous manquez de temps, mais que vous voulez voir l’intégralité de l’expo, choisissez « Pop Art ». L’expo est moins fournie que celle du Grand Palais (15 oeuvres commentées dans l’audioguide contre 30 au Grand Palais), et il y a bien moins de monde. Pour le Grand Palais, pensez à réserver vos billets à l’avance (il faut choisir un créneau toutes les 30 minutes), sinon l’attente peut être longue.
Etes-vous plutôt art moderne ou art contemporain ?
Si vous êtes plutôt art moderne, choisissez Gauguin !
Gauguin (1848-1903) est d’abord proche des Impressionnistes, fortement inspiré par Pissarro et Degas (dont quelques toiles sont exposées). Il évolue ensuite vers des toiles plus symbolistes (comme Dans les vagues, 1889) et s’essaye au cloisonnisme avec Emile Bernard, pendant leur retraite artistique dans le petit village breton de Pont-Aven : ses aplats de couleurs sont séparés par un trait noir (par exemple dans La ronde des petites bretonnes, 1888).


Gauguin développe ensuite son propre style « synthétique » inspiré de l’art médiéval, des estampes japonaises ou encore de l’art exotique. Dans La belle Angèle (1889), il utilise une forme de collage, avec une mise en page de style japonais. La jeune femme dans son médaillon est associée à la statuette à gauche, mélange d’influences péruviennes et bouddhiques. Avec son style décoratif, annonçant l’abstraction, Gauguin est donc particulièrement représentatif du développement de l’art moderne et sa peinture est radicalement novatrice.

Si vous êtes plutôt art contemporain, choisissez « Pop Art » !
Le Pop Art relève quant à lui de l’art contemporain, apparu en réaction aux excès de la société de consommation dans les années 60. Souvent critiqué comme « trop facile », voire superficiel, ce mouvement artistique cherche justement à refléter une société de l’instantané, de l’image qui frappe et qui choque, de la publicité, de l’affiche. Inspiré par la culture populaire, il rejette l’élitisme et prône un langage accessible par tous, ludique et décomplexé. C’est donc la parfaite porte d’entrée dans l’art contemporain !
Vous n’êtes pas spécialement fan de peinture et préférez découvrir une variété de supports artistiques ?
Les deux expos peuvent vous plaire !
Au Grand Palais, vous découvrirez que Gauguin n’a pas fait que des peintures, loin de là. L’expo présente beaucoup de sculptures, inspirées de sociétés vues comme « primitives » : les sociétés précolombiennes du Pérou (où Gauguin a passé une partie de son enfance) ou, ce qui est plus connu, de l’art polynésien et maori (Gauguin a vécu en Polynésie de 1891 à sa mort en 1903, avec un passage à Paris en 1893-95). Ces sculptures me parlent particulièrement, car j’ai visité pendant mon voyage la Polynésie et la Nouvelle-Zélande, d’où viennent les maoris. Découvrez ici mon article qui parle de la culture maorie, inspiration majeure de Gauguin ! L’expo présente aussi des céramiques, des gravures, des estampes, des meubles sculptés et peints…


Au musée Maillol, vous découvrirez les différents supports utilisés par le Pop Art. Le plus connu est la lithographie, comme les très célèbres images de Roy Lichtenstein inspirées des « comic books », bandes dessinées américaines, et leurs petits points caractéristiques (j’en parle ici à l’occasion de l’expo sur Hergé de l’automne 2016-2017, car le créateur de Tintin possédait plusieurs toiles de cet artiste).

L’expo présente également des « ready-made » qui rappellent Marcel Duchamp et sa Fontaine ou sa Roue de bicyclette : A black shovel de Jim Dine (1962) détourne un outil quotidien, une pelle, peinte en noir et fixée sur un monochrome noir. Il s’inscrit dans les recherches formelles d’un Malevitch (Carré noir sur fond blanc) en représentant un espace qui évoque l’infini. On trouve aussi dans l’expo les grandes « sculptures molles » de Claes Oldenburg comme French fries and ketchup (1963), qui ne se prend pas au sérieux et s’amuse à détourner des objets du quotidien avec ironie.

Claes Oldenburg, French fries and ketchup (1963)
Préférez-vous découvrir de nouveaux artistes ou approfondir le travail d’un peintre « star » ?
Vous l’aurez deviné, c’est à Maillol que vous découvrirez de nouveaux artistes. Jasper Johns et ses créations engagées contre la guerre du Vietnam (Flags, 1967-68, qui devient un véritable symbole de pacifisme) ou Edward Kienholz et ses sculptures-assemblages d’objets trouvés qui obligent à réfléchir à des questions universelles (Untitled American President 1962). Frappantes également sont les stars « prêtes à être consommées » d’Allan d’Arcangelo (Madonna and Child, 1963, portrait sans visage de Jackie Kennedy et de sa fille Caroline). Warhol n’apparaît qu’à la fin de l’expo.



Au Grand Palais, toutes les facettes de Gauguin sont présentées dans une expo très fournie, avec des panneaux explicatifs clairs et passionnants. La moitié de l’expo environ est consacrée à la période tahitienne, avec de superbes chefs-d’oeuvre aux couleurs éblouissantes.
Recherchez-vous une expo ludique ?
« Pop Art » est clairement plus ludique, de par la nature de ce mouvement artistique. Couleurs flashy, références à la culture populaire de la BD, réutilisation de figures que tout le monde connaît (Marilyn, Jackie Kennedy…), création d’images frappantes et attirantes comme dans les pubs. Claes Oldenburg affirme même vouloir que les gens rient devant ses oeuvres !
Pourtant, le Grand Palais compense son sujet plus « classique » par des vidéos qui expliquent les techniques concrètes de réalisation des oeuvres de Gauguin (céramiques, estampes, peintures) : intéressant et original !
Voulez-vous admirer des chefs-d’oeuvre connus de l’Histoire de l’Art ?
Cette fois-ci, c’est plutôt au Grand Palais que cela se passe. Rupe Rupe (la cueillette des fruits), La Belle Angèle, les Autoportraits de Gauguin… De véritables chefs-d’oeuvre incontournables de l’Histoire de l’Art, dont certains étaient déjà l’an dernier à la Fondation Louis Vuitton pour l’exposition de la collection Chtchoukine : n’hésitez pas à jeter un coup d’oeil à mon article sur cette expo ici !


Au musée Maillol, seules 4 oeuvres d’Andy Warhol sont exposées, et quelques-unes de Roy Lichtenstein (de loin les deux figures les plus connues du Pop Art). La plupart des autres artistes présentés sont peu connus du grand public. L’objectif est justement de vous faire découvrir leurs créations.
Préférez-vous l’art engagé dans l’actualité de son époque ou l’art évocateur et onirique ?
Les oeuvres du Pop Art sont très engagées et font référence à la société américaine de leur temps. C’est vrai à la fois sur les sujets d’actualité comme la guerre du Vietnam (avec par exemple les oeuvres de Rauschenberg), les sujets sociaux (la question de la peine de mort avec Electric chair de Warhol, 1971), la question des droits des femmes (Balled Eagle de Mel Ramos, 1969, qui assimile la femme à une marchandise) ou encore l’utilisation de personnes célèbres comme purs objets de consommation (Marilyn pursued by death de Rosalyn Drexler, 1963).




L’art de Gauguin trouve sa force dans son pouvoir évocateur et onirique (Le rêve, 1897). Les couleurs subjectives, le thème du paradis tahitien exotique, la déformation des figures qui montrent une volonté de s’écarter de la représentation fidèle de la nature… permettent au spectateur de projeter sa propre intériorité sur la toile, et nous transportent dans un monde étrange et fascinant.

Comme vous le voyez, les deux expos sont très différentes et ne répondent pas forcément aux mêmes envies. Vous voulez mieux comprendre un mouvement contemporain engagé, aux oeuvres à dimension ludique mais porteuses de véritables messages sur la société de leur temps ? L’expo « Pop Art » est pour vous. Vous préférez approfondir votre connaissance d’une figure majeure de l’art moderne, qui a révolutionné le traitement des formes et des couleurs, dans des oeuvres au fort pouvoir évocateur ? C’est plutôt au Grand Palais qu’il vous faut aller ! Quoi que vous choisissiez… Bon week-end artistique !

2 réflexions sur “Quelle expo voir ce week-end ? Gauguin au Grand Palais ou « Pop Art » au musée Maillol !”