Un voyage en Nouvelle-Zélande est l’occasion rêvée d’en apprendre plus sur la culture maorie, qui imprègne profondément le pays. Il existe différentes façons de s’y initier : dans les musées bien sûr, mais aussi en découvrant un authentique village maori où sont organisés visites guidées, spectacles culturels ou encore festins traditionnels. C’est possible notamment à Rotorua, lieu majeur de la culture maorie, où j’ai pu visiter le village de la tribu Mitai. Beaucoup de touristes présents, mais un bon aperçu des traditions maories dans une ambiance chaleureuse !


Après plusieurs visites de musées et expériences culturelles, je peux partager avec vous quelques éléments qui m’ont marquée à propos de cette culture si particulière.
Comme je l’ai évoqué dans mon article sur l’Art Gallery d’Auckland ici, les maoris sont à l’origine des Polynésiens arrivés en Nouvelle-Zélande autour des années 1200. La légende veut que depuis son bateau, la femme de l’un de ces premiers explorateurs aurait cru voir un nuage blanc à l’horizon… Il s’agissait en fait de la côte de la Nouvelle-Zélande, appelée en maori Aotearoa (« pays du long nuage blanc ») !

Les colons européens sont arrivés à partir du 19e siècle surtout (il y avait eu quelques contacts isolés auparavant), s’installant petit à petit sur l’ensemble du territoire, non sans heurts avec les populations locales. Le traité de Waitangi de 1840, toujours sujet à controverse aujourd’hui, faisait de la Nouvelle-Zélande une colonie anglaise mais devait garantir aux maoris la souveraineté locale sur leurs terres. Pourtant les Européens ne l’ont pas respecté et les spoliations de terres maories ont donné lieu à d’interminables années de guerre civile. Des témoignages intéressants de cette guerre sont exposés à l’Auckland Museum, et le traité de Waitangi est reproduit sur un mur entier du musée Te Papa à Wellington (je vous reparlerai de ce musée plus loin !)


Les Européens ont importé des maladies qui ont entraîné une baisse de la population maorie. Mais elle a ensuite à nouveau augmenté pour atteindre aujourd’hui 15% de la population néo-zélandaise. Les maoris semblent plutôt bien intégrés (malgré des problèmes sociaux dont j’ai entendu parler mais dont je n’ai pas été témoin) et vivent de la même façon que les autres néo-zélandais, nouvelles technologies comprises ! Même si le temps où ils vivaient dans de petites cabanes dans leur village fortifié est bien loin, ils continuent de transmettre leurs traditions à leurs enfants. Préserver cette culture semble d’ailleurs être une préoccupation générale dans le pays : la langue maorie est enseignée à l’école et certains politiciens parlent même de la rendre obligatoire ! Il y a également des cours de danses et de chants maoris.

Pendant les spectacles auxquels j’ai assisté, les maoris faisaient la démonstration de ces traditions artistiques, de leurs instruments de musique ou encore de leurs armes historiques. Parmi eux, la danse « poi » m’a particulièrement marquée. A l’origine utilisés par les hommes pour augmenter la dextérité de leurs poignets, ces petites balles fixées au bout d’un fil sont aujourd’hui maniées par les femmes dans de très beaux ballets chorégraphiés. Il y a bien sûr aussi le fameux haka, assez terrifiant ! On a également une image plutôt effrayante des tatouages maoris, pratiqués surtout sur le visage. Et avec raison : à l’origine, se faire tatouer était tellement douloureux que c’était réservé aux plus courageux des hommes… Certains mourraient même pendant le processus ! Le chef de la tribu était donc le plus tatoué.

La visite du village maori la nuit tombée était une très belle expérience, qui m’a permis de voir à quoi ressemblait à l’origine les lieux où se pratiquaient toutes ces traditions. Mais c’est au musée Te Papa, à Wellington, que j’ai pu en approfondir ma compréhension. Ce musée très interactif, sur pas moins de 6 étages, aborde aussi bien l’histoire naturelle du pays, avec une section sur les animaux et une autre sur les séismes, que l’histoire de l’immigration dans le pays. Il y a tellement à découvrir, avec une démarche vraiment innovante du musée pour proposer une expérience différente aux visiteurs… Eh oui, les adultes aussi aiment parfois avoir du « fun » au musée !

La section consacrée aux maoris a été pour moi la plus passionnante, en commençant par l’immense waharoa ou « porte d’entrée » du village. Sa porte très basse a une fonction de protection : les ennemis sont obligés de la traverser courbés, un par un, leur arme abaissée… Difficile de faire beaucoup de dégâts dans ces conditions !


Plus loin, un magnifique marae a été construit par des hommes de toutes les nationalités. Il s’agit d’un espace dédié au rassemblement des membres d’une communauté maorie. Traditionnellement, il est plutôt construit par des hommes de haut rang et orné des symboles associés à une communauté bien spécifique. Mais ici, l’idée est d’en faire un lieu qui résonne avec toutes les cultures, comme en témoignent les représentations figurant sur les murs du bâtiment : elles vont de l’élevage de moutons (il y en a 6 pour 1 personne en Nouvelle-Zélande !) à la découverte de l’atome, en passant par l’invention de la photo. Encore aujourd’hui, devant les marae sont pratiquées des cérémonies, comme celle de bienvenue. On y dispose traditionnellement une pierre de jade néphrite, considérée comme sacrée et qui doit être uniquement offerte en cadeau. Le musée possède un énorme exemplaire de cette pierre, très impressionnante.



En plus de l’espace du marae, la wharenui, ou maison de rassemblement, est un lieu très important de la communauté. Celle du musée a été volée aux maoris mais devrait leur être restituée dans les années à venir (son démantèlement – transport – réassemblage est très complexe). Cette promesse n’est qu’un exemple illustrant la voie de « repentance » dans laquelle s’est engagé le pays depuis quelques dizaines d’années : reconnaissance des spoliations, restitution de terres aux maoris… Mais le chemin est encore long !
Enfin, on découvre une habitation et un bâtiment de stockage datant du milieu du 19e siècle. Monté sur piliers pour protéger les biens à l’intérieur, ce dernier est décoré de plumes d’albatros pour signifier son prestige. On peut y voir également des figures en noir et blanc, symbolisant les deux cultures maorie et de « descendance européenne » vivant en harmonie… Encore un peu utopique certainement, mais le pays semble aller dans la bonne voie !
Les photos étant interdites dans cette section du musée Te Papa, voici une photo de la wharenui du musée d’Auckland, également très belle. Elle avait pour fonction de protéger la tribu, et avait été offerte en cadeau de mariage par un chef à un autre. La maison de stockage du chef est également remarquable.


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