Je n’ai pas beaucoup visité la capitale bolivienne de La Paz, qui est vivante et colorée mais aussi bruyante, encombrée et donc assez fatigante. Mais il y a un musée qui m’a beaucoup étonnée et que j’ai vraiment adoré. Îlot moderne dans une ville assez pauvre, le Musée National d’Ethnographie et du Folklore (MUSEF) est abrité dans un bâtiment magnifique qui ressemble à un ancien palais.



Quand je suis entrée, j’ai été immédiatement surprise par de grands espaces aérés et hauts de plafond, qui semblent tous neufs. L’éclairage est habilement dosé pour donner une ambiance particulière au lieu et les vitrines sont bien conçues. Très étonnant pour moi, le musée utilise davantage les nouvelles technologies digitales que bien des musées européens. Chaque vitrine de la salle des textiles est par exemple accompagnée d’un écran vidéo montrant comment les femmes utilisent les objets de la vitrine dans leurs tâches quotidiennes.
Les reconstitutions grand format impressionnantes ne manquent pas non plus : un gigantesque autel pour montrer le travail de l’or et de l’argent, un four de la hauteur d’un homme pour illustrer le travail de la forge, reproduction d’oiseaux grandeur nature… On en prend vraiment plein les yeux dans ce musée !
Quant aux thèmes d’exposition, ils sont clairement répartis en 8 sections qui en valent chacune la peine. Je me suis particulièrement attardée sur les trois premières, mais toutes en valent la peine.
1 – Le textile
Comme mentionné plus haut, il est très intéressant de pouvoir immédiatement comprendre l’usage des outils exposés grâce aux vidéos. Cette section expose également ses tissus à motifs plus beaux les uns que les autres, tressés à la main bien sûr. Certains sont très anciens et déjà très impressionnants.

2 – Les bonnets
Une étonnante section sur les différents bonnets portés dans les régions du pays. On y apprend que non seulement les types de couvre-chefs varient selon les traditions de chaque région (pointu ou non, avec protège-oreilles ou non…), mais aussi que porter un bonnet d’un type particulier peut avoir une portée politique. Par exemple à leur arrivée, les colonisateurs espagnols ont imposé un nouveau style de bonnet et interdit le style inca. Cela a contribué à leur entreprise de destruction des traditions locales. Mais même purement esthétiquement, certains bonnets sont assez incroyables, allant jusqu’à mesurer plus de 50 cm.

3 – Les masques
De loin ma section préférée ! Je suis entrée dans une salle sombre, sans personne, ou seuls sont éclairés les masques colorés de taille parfois énorme. Quelle impression au premier coup d’oeil, j’ai été stupéfaite ! Les masques sont classés par région et type de culture (peuple) qui les utilise, en général lors de carnavals ou de danses populaires.
Comme dans la Commedia dell’arte, il existe de véritables personnages, des caractères qui reviennent à chaque nouvel événement : le vieil homme, le démon, le jeune homme farceur… Ils sont parfois symboliques, comme ces masques du soleil et de la lune. Les masques du fond de la salle sont particulièrement immenses et effrayants avec leurs expressions exagérées et délirantes. Vraiment une très belle découverte, l’une de mes préférées au musée depuis le début de ce tour du monde de l’art !
4 – Les céramiques
Je suis rapidement passée dans cette salle car j’avais déjà vu pas mal de céramiques précédemment. Mais l’organisation et l’impression de modernité de cette salle m’ont marquée. On pourrait vraiment être dans l’un des grands musées européens !
5- L’art des plumes
Encore une salle impressionnante et très haute de plafond, où l’on peut découvrir le travail des plumes prélevées sur les oiseaux qui peuplent les différentes régions des Andes. Des chapeaux à plumes immenses peuplent les vitrines, des oiseaux géants volent au plafond… On est transporté dans un univers à part !
Je n’ai eu que peu de temps pour visiter les dernières sections, au rez-de-chaussée. La sixième expose de très belles pièces en métal précieux : j’ai été éblouie par un travail de l’or et de l’argent maîtrisé à la perfection. A côté, la dernière salle lui est complémentaire car elle présente les techniques artisanales pour forger le métal, et nous explique comment extraire la matière première grâce aux mines qui émaillent le pays. Enfin, le cabinet des médailles est situé en sous-sol. Je n’y suis pas descendue, mais je suis certaine qu’elle vaut le coup d’oeil comme le reste du musée !
Ma visite de ce musée prouve qu’il ne faut pas céder aux clichés. Même dans un pays plutôt pauvre, où les traditions restent fortes, la modernité peut être présente. Les techniques de muséographie y sont aussi bien maîtrisées (voire mieux !) que dans des pays supposés plus avancés. En gardant l’esprit ouvert et en saisissant l’opportunité de visiter des lieux partout dans le monde, on peut faire de belles découvertes inattendues !
