Un peu de mythologie mésopotamienne

Si les dieux de la mythologie grecque et romaine nous sont plutôt familiers encore aujourd’hui (tels Zeus/Jupiter, Athéna/Minerve ou Aphrodite/Vénus), les divinités mésopotamiennes sont généralement méconnues.

Et pourtant, ces dieux et déesses ont bien des points communs avec leurs homologues gréco-romains. D’abord, beaucoup symbolisent des parties du monde (le ciel, la terre, l’enfer), des éléments naturels (le soleil, l’eau, les moissons) ou des pratiques (la guerre).

De plus, tous ont également un double nom : Innana/Ishtar, Enki/Ea ou encore Nanna/Sin. En effet, deux civilisations ont marqué le 3ème millénaire avant JC : la période de Sumer d’abord, de -2900 à -2350, puis l’époque d’Akkad, de -2350 à -2200 (du nom de deux villes de Mésopotamie du sud). Ces deux cultures partagent la même mythologie : leurs dieux portent donc chacun un nom sumérien et un nom akkadien (dans la suite de l’article, j’utiliserai le nom sumérien en priorité et le nom akkadien entre parenthèses).

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Carte de la Mésopotamie – Wikipédia

Cependant, les mésopotamiens adoraient une multitude de dieux, qui n’ont jamais été organisés dans un « panthéon », à l’inverse des dieux grecs. Et le symbole du divin est également spécifique : il s’agit de la tiare à cornes. Plus la représentation du dieu a de cornes, plus son rôle est important pour les mésopotamiens.

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Représentation figurant au sommet de la stèle du Code d’Hammurabi (texte juridique composé de plus de 280 articles énumérant comment punir les délits) avec à droite le dieu Utu (Shamash) dont la tiare à 4 rangées de cornes montre l’importance – Wikipédia

De plus, ces divinités sont souvent associées plus particulièrement à l’une des cités-Etats indépendantes qui abritent les sociétés sumérienne et akkadienne. Ces cités d’Uruk, Umma ou Lagash sont d’ailleurs régulièrement en conflit les unes avec les autres.

Ainsi, deux des dieux les plus importants sont les dieux tutélaires de la ville d’Uruk : An (Anu) le dieu du ciel et sa fille Inanna (Ishtar), la déesse de la guerre et de la fertilité, dont l’un des symboles est la hampe (un long manche en bois sur lequel peut être fixé le fer d’une lance ou d’une pique). Elle est également souvent reconnaissable grâce à ses armes attributs qui lui sortent des épaules, ou encore symbolisée par une étoile.

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Vase d’albâtre « Warka » avec la déesse Inanna en haut, symbolisée par les hampes à sa droite

C’est ainsi à Uruk en Basse Mésopotamie qu’ont été retrouvés les vestiges du temple d’Inanna (Ishtar). Cette ville est la première à avoir atteint un véritable stade d’urbanisation, avec une première forme de hiérarchisation sociale. Ainsi le temple d’Inanna, comme les autres temples dédiés aux dieux, ainsi que les palais et les administrations, sont situés dans la « ville haute ». Quant à la « ville basse », elle regroupe les habitations, commerces et artisans.

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Vestiges du temple d’Inanna à Uruk – crédit Mandy

Inanna (Ishtar) est également doublement représentée ailée sur le sceau de Zaganita ci-dessous (à gauche et à droite), dans une attitude guerrière, avec ses armes sortant de ses épaules. De plus, deux autres dieux importants sont représentés au centre du sceau :

  • Nergal, le dieu des enfers avec ses écailles, qui sont le symbole de la montagne
  • Enki (Ea), le dieu au vase jaillissant, maître des eaux douces souterraines

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Mais la stèle du roi Mélishipak, conservée au Louvre, place deux autres dieux au sommet de la hiérarchie : Nanna (Sin) le dieu Lune et Utu (Shamash) le dieu du soleil et de la justice, avec entre les deux Inanna (Ishtar) symbolisée ici par une étoile.

On y trouve également Marduk, le dieu tutélaire de Babylone (avec une flèche pour symbole) et son fils Nabu, patron des scribes, dont les symboles sont la tablette et le calame.

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N’hésitez pas à aller voir la stèle et le sceau ci-dessus au Louvre, dans les salles dédiées aux Antiquités Orientales !

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