Le Moyen-Age n’est pas forcément la période qui fait le plus rêver… Et pourtant, il vaut la peine de s’y intéresser ! Un bon moyen pour le faire est l’exposition « Les Temps Mérovingiens » en cours au musée de Cluny.
Le cadre de l’exposition vaut le coup en lui-même : le majestueux frigidarium (bain froid) des anciennes thermes de Lutèce impressionne le visiteur et le plonge dans une atmosphère particulière dès son entrée !
La dynastie des Mérovingiens, rois francs venus s’installer en Gaule, peut être datée de 451 à 751. Ces dates correspondent à la bataille des Champs Catalauniques (opposant les Huns et leurs alliés aux Gallo-romains) et au sacre de Pépin le Bref (le père de Charlemagne, qui inaugure la nouvelle dynastie des Carolingiens). Le plus connu des Mérovingiens est bien sûr Clovis, fils de Childéric et petit-fils de Mérovée qui donne son nom à la dynastie.


L’Histoire des Francs de Grégoire de Tours (538-594) est une source précieuse pour mieux comprendre la période. Cette Histoire a été très largement diffusée à l’époque.

Les manuscrits du Moyen-Age sont parfois de véritables œuvres d’art, comme le Pentateuque d’Ashburnham (env. 600) présenté dans l’exposition. Il regroupe les cinq premiers livres de l’Ancien Testament et témoigne d’une grande maîtrise picturale. Si les figures sont un peu abîmées aujourd’hui, les très belles couleurs encore vives sont frappantes !

L’un de mes objets préférés est cette très belle statuette en ivoire représentant la figure antique d’Ariane. Elle aurait été découverte dans une tombe en Allemagne et aurait pu orner un siège ou même un trône. Mais difficile d’en savoir plus, elle garde encore tout son mystère !

Le Disque de Limons est également un objet exceptionnel de beauté et de finesse. De la tête du Christ au centre émanent 6 rayons qui forment un « chrisme ». Ce symbole est composé des deux premières lettres du mot Christ en grec, le X et le P, qui sont superposées pour donner un « R ». Il est complété par l’alpha et l’oméga, visibles sur les côtés de la tête du Christ, qui représentent la totalité (le début et la fin). On peut même l’interpréter comme une véritable représentation de l’Univers naturel : le disque est le soleil, avec les figures animales de la création dans ses rayons.

Plus loin, n’oubliez pas de vous arrêter devant les objets de la tombe d’Arégonde : cette reine, épouse du quatrième fils de Clovis, avait visiblement très bon goût en matière de parures !

L’exposition est également l’occasion de voir des exemples de différentes techniques d’orfèvrerie, en commençant par le « cloisonnement » des pierres (qui porte bien son nom, les pierres sont enchâssées dans des compartiments de métal). C’est ensuite le filigrane qui apparaît, consistant à entrelacer de fins fils d’or ou d’argent et à les souder sur l’objet. C’est un peu différent de la damasquinure, où l’on incruste un métal précieux dans un métal « grossier » (comme le fer) à l’aide de sillons préalablement creusés.



La plupart des œuvres de cette époque restent des objets de culte. L’exposition présente notamment deux sarcophages, dont celui de Saint-Drausin (6e siècle) qui aurait accompli de nombreux miracles ! Mais on peut voir également de très beaux objets qui auraient appartenu à des saints : un fragment de croix inspiré de la tradition byzantine et une fibule (agrafe en métal servant à fixer un vêtement) possédées par Saint-Eloi, et surtout la magnifique crosse de Saint-Germain du 7e siècle.



Y étant allée sans vraiment savoir à quoi m’attendre, cette exposition m’a bien plu car elle montre un vaste panel de la création artistique de ces quelques trois cent ans de notre histoire entre manuscrits peints, sculptures raffinées et surtout objets d’orfèvrerie qui témoignent d’une véritable virtuosité des artistes de l’époque. Une période à redécouvrir car elle a de quoi intéresser et parfois impressionner même les plus réticents !
« Les Temps Mérovingiens » est au Musée de Cluny, 6 Place Paul Painlevé à Paris, jusqu’au 13 février 2017.