Aujourd’hui, j’aimerais vous parler du travail du sculpteur Jérôme Festy, exposé à la galerie Insula (24 rue des Grands Augustins, dans le 6e à Paris). Vous pouvez avoir un aperçu de ses oeuvres sur le site de la galerie ici.
Ce qui m’a tout de suite plu dans ses sculptures, c’est leur pouvoir d’attraction : une irrésistible envie de toucher ces matières diverses, ces formes arrondies, ces textures souvent lisses, parfois rugueuses ou anguleuses. Ces œuvres en albâtre, stéatite, bronze ou marbre de Carrare ont une force et une présence intense, mais transmettent également une impression de légèreté.
J’ai eu la chance que l’artiste soit présent lors de ma visite de la galerie. Il a évoqué son travail comme consistant à ressentir le potentiel d’une pierre, à recevoir l’intuition de l’oeuvre contenue en puissance dans la matière. Michel-Ange affirmait déjà à la Renaissance que le but du sculpteur est de faire jaillir l’oeuvre déjà contenue dans le bloc.
La particularité de Jérôme Festy est d’utiliser la technique de la pierre dure, taillée par l’artiste lui-même. Or depuis Canova, très peu d’artistes sculptent eux-mêmes les pierres. C’est pourtant ce contact direct de la main et de la matière qui est le mieux à même d’en « révéler l’essence ». La main est guidée par la matière qui peut l’emmener ailleurs, l’éloigner de ce qu’elle avait originellement prévu.
L’oeuvre de Jérôme Festy évoque donc la sensualité de la matière, qui passe avec lui par l’épure. Les pierres restent proches de leur état originel pour une oeuvre privilégiant la simplicité, la sobriété et la pureté.
Moins inspiré par Rodin, qui se concentrait plutôt sur l’extérieur de la matière, que par Brancusi, qui avait opéré un retour à l’intérieur des choses, l’artiste s’attache à la vibration de la matière. Certaines œuvres sont d’ailleurs un hommage clair à Brancusi.
Vous avez jusqu’au 29 octobre 2016 pour contempler ses pièces à la galerie Insula, mais son travail mérite d’être suivi à plus long terme. Et pour mieux le connaître et appréhender son univers, voici le lien vers un vidéo où il présente son oeuvre dans le cadre intime où elles ont été créées : VIDEO